Auteur :
Oscar Wilde
Traduction :
Vladimir Volkoff
Genre :
classique, fantastique
Éditions :
Le Livre de Poche
Publication :
26 décembre 2012
Pages : 253
Prix : 2,99€
Résumé
« Au centre de la
pièce, fixé à un chevalet droit, se dressait le portrait en pied d'un jeune
homme d'une extraordinaire beauté physique, devant lequel, à peu de distance,
se tenait assis le peintre lui-même, Basil Hallward, celui dont, il y a
quelques années, la disparition soudaine a, sur le moment, tant ému le public
et donné lieu à d'étranges conjectures. »
Or Dorian Gray, jeune dandy séducteur et mondain, a fait ce
vœu insensé : garder toujours l'éclat de sa beauté, tandis que le visage peint
sur la toile assumerait le fardeau de ses passions et de ses péchés. Et de
fait, seul vieillit le portrait où se peint l'âme noire de Dorian qui, bien
plus tard, dira au peintre : « Chacun de
nous porte en soi le ciel et l'enfer. »
Avis de
Marie
Annoncée il y a déjà un petit moment, et après un petit
détour par Lisbonne, voici enfin la chronique du Portrait de Dorian Gray, chef d’œuvre de la littérature et, à mon
sens, l’un des romans incontournables de
la littérature anglaise. Ce n’est pas pour rien que ce roman a fait l’objet
de maintes adaptations tant il est
riche et d’une rare profondeur. Publié
pour la première fois en 1890, ce livre a suscité dès le départ de vives réactions pour son immoralité.
Évoquant la décadence de l’Homme, physique aussi bien que morale, ce n’est ni
plus ni moins qu’une atteinte à la morale publique pour les détracteurs
d’Oscar Wilde. Cette controverse qu’aura suscitée ce roman n’est pas pour rien
dans son succès, et Oscar Wilde saura très bien en jouer afin de mieux faire
connaître son œuvre. Quel est donc ce
portrait qui aura fait couler tant d’encre ?
Dorian Gray est
l’incarnation du parfait dandy : jeune, d’une beauté angélique et doté
de toutes les qualités, il ne lui reste plus qu’à faire son chemin au sein de
la bonne société victorienne. Pour cela, rien ne vaut les relations. Il fait alors la connaissance de Lord
Henry, par l’intermédiaire de leur ami commun, le peintre Basil Hallward. Cependant,
Lord Henry est complètement tombé sous le charme de ce jeune homme. Basil le
suppliera de ne pas corrompre Dorian afin de préserver toute sa pureté. Espoir
vain car cette rencontre marquera un tournant définitif dans la vie de Dorian.
Contemplant son portrait réalisé par Basil, Dorian fait le vœu de conserver la jeunesse
éternelle tandis que le portrait assumerait le fardeau du temps… et de ses pêchés. Il ne s’agissait pas là
d’un souhait vain puisque très rapidement, il va se rendre compte que le temps n’a plus aucune emprise sur
lui. Nous assistons alors à la décadence
d’une âme pure qui commettra les pires vilenies jusqu’au point de
non-retour. Empreint d’une note de fantastique, le roman est également marquant de
par son réalisme. Bien plus que la simple histoire d’une vie, c’est aussi
un traité de l’esthétisme. La décadence de l’Homme est ici au cœur du sujet,
qu’elle soit physique ou morale, visible ou invisible. Dorian en est la
parfaite illustration. Au fur et à mesure de la lecture, ce personnage auréolé de lumière, verra son âme corrompue et sombrera
dans les pires noirceurs. Pourtant, il n’en demeurera pas moins, et
paradoxalement, que plus solaire, attirant dans son sillage de corruption
les papillons innocents qui ne cessent de voleter autour de lui. Les uns après
les autres, tous les membres de son entourage se verront entachés par la
vilenie de Dorian. Conscient de ce qu'il devient, de ce qu'il est devenu, le
jeune homme ne fera pas mine de se repentir pour autant. Après tout, ce n'est
pas lui qui est corrompu mais le tableau. Son âme n'est-elle pas rester pure
malgré ses actes ? Sans cesse, le lecteur est confronté à deux visions
antagonistes : celle d'un Londres marqué par la pauvreté, où le crime et
la saleté règnent et celle de la bonne société anglaise, d'apparence propre
mais pourtant bien plus corrompue encore que peuvent l'être les gens de basse
extraction. Dorian lui est l'incarnation de cette élite dans tous ses excès.
Les apparences sont la sauvegarde de tout, qu'importe si derrière, les pires
extractions sont commises, du moment que les apparences sont sauves…
Le texte recèle de nombreuses subtilités qui pourraient
aujourd’hui passer inaperçues aux yeux des lecteurs modernes que nous sommes. Ainsi,
la préface de cette édition a été très intéressante en ce qu’elle donnait
quelques clés de compréhension fort utiles pour la suite. Cependant, elles ne
sauraient suffire à elles seules pour saisir toute la complexité et la richesse
de ce texte. En effet, les références à d'autres œuvres sont multiples et si
elles pouvaient couler de source à l'époque, aujourd'hui, elles paraissent
cependant moins évidentes. Heureusement que la présente édition était
régulièrement annotée afin de pouvoir mieux les saisir.
D'un point de vue plus technique, Le Portrait de
Dorian Gray est également un trésor en ce que nous pouvons constater
tout le talent d'Oscar Wilde. Auteur principalement de pièces de théâtre (dont Salomé),
Oscar Wilde signe ici son seul et unique roman (si l'on écarte Le Fantôme deCanterville qui tient plus de la nouvelle). Or, il se livre à plusieurs
exercices stylistiques fort intéressants, alternant à plusieurs reprises
entre des passages dans le style romanesque et dans le style théâtral.
Ainsi, Le Portrait de Dorian Gray présente des inégalités dans sa
rédaction, tant certains passages apparaissent mieux travaillés que d'autres,
principalement, les passages théâtraux.
Le Portrait de Dorian Gray est une œuvre
remarquable sur bien des plans. Qualifié d'immoral lors de sa parution en 1890,
je n'ai pu m'empêcher pendant ma lecture de faire le parallèle entre le personnage
de Dorian et celui de Raphaël, personnage principal de La Peau de Chagrin de
Balzac. Ces deux romans ont pour point commun la décadence humaine dans toute
sa splendeur, merveilleusement contée par deux auteurs dont les œuvres ont su
traverser les siècles et continueront à le faire.
Dorian Grey est un auteur que j'aimerai découvrir et d'autant plus avec ce classique incontournable !
RépondreSupprimerBrillante analyse : ) je fais justement mon mémoire de Master sur Dorian Gray et comment il est devenu un mythe! Est-ce que tu as lu la version non censurée (qui est parue chez grasset en français)?
RépondreSupprimerJe relirai ce livre avec un grand plaisir, il est magnifique ! Je suis contente d'avoir découvrir la plume d'Oscar Wilde que j'ai très envie de continuer à découvrir.
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